Paris-Nice : Le jour de gloire pour Rudy Molard
Passé professionnel en 2012, Rudy Molard tient enfin sa grande victoire. Le coureur de la Groupama-FDJ a parfaitement joué sa carte ce vendredi, dans la sixième étape de Paris-Nice, pour s’octroyer le succès avec quelques mètres d’avance sur le reste des favoris à Vence. Le grimpeur français s’est fait la malle à moins de deux kilomètres du but et a profité d’un moment de latence chez ses adversaires pour conclure en beauté son offensive. Tim Wellens (Lotto-Soudal) et Julian Alaphilippe (Quick Step Floors) ont pris les deuxième et troisième places sur la ligne tandis que Luis Leon Sanchez (Astana) a été en mesure de résister dans ce final pour conserver son maillot jaune.
Au départ de cette sixième étape de Paris-Nice, les attaques ne manquent pas d’affluer. Il faut de fait attendre près de vingt bornes pour voir un petit groupe de six hommes prendre les devants. On retrouve ici Lars Bak (Lotto-Soudal), Amael Moinard (Fortuneo-Samsic), Paul Martens (LottoNL-Jumbo), Cyril Lemoine (Cofidis), Thomas Scully (EF Education First) et Fabien Grellier (Direct Energie). Un petit trou se fait, et l’écart se creuse réellement après quelques instants à la suite d’une mauvaise orientation du peloton, qui manque la route à gauche et se trompe ainsi d’itinéraire. Dès lors, un groupe de sept coureurs ayant pris la bonne route se retrouve en chasse, avec Nils Politt (Katusha-Alpecin), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Bert Van Lerberghe (Cofidis), Carlos Barbero (Movistar), Dylan Teuns (BMC) Alexander Kristoff (UAE Team Emirates) et Arnaud Démare (Groupama-FDJ), tandis que le peloton doit se remettre sur les rails et se reformer. Cela prend plusieurs kilomètres, et finalement, après une trentaine de kilomètres, une jonction s’opère en tête tandis que le peloton reprend sa marche en avant (et dans le bon sens) à environ 2’30. Dès lors, c’est la formation Astana du leader Luis Leon Sanchez qui prend ses responsabilités, et de manière appuyée. L’équipe kazakhe n’est pas décidée à laisser du champ aux attaquants du jour, et c’est ainsi que l’écart est maintenu autour des deux minutes.
Dans l’échappée, on comprend alors que la présence de Dylan Teuns (BMC) contrarie l’avancée du groupe, et on décide alors de mener la vie dure au jeune Belge qui finit par abandonner sa place à l’avant, après environ 50 kilomètres. L’échappée retrouve ensuite une certaine osmose, avec 12 hommes, mais le peloton ne lâche pas beaucoup plus de lest. Bahrain-Merida, Quick Step Floors et Astana se chargent de contrôler et l’écart ne dépasse jamais les trois minutes. En tête, De Gendt rafle lui les deux premiers grands prix de la montagne du jour, devant Fabien Grellier, mais voit le peloton se rapprocher à deux minutes. Après une bonne descente suite au Col Bas, l’échappée se morcèle dans la côte de Cipières à moins de 60 kilomètres de la ligne. Grellier, De Gendt, Moinard, Scully et Barbero font la différence sur leurs anciens compagnons de fuite. Dans cette côte, comme dans la suivante, celle de Gourdon, De Gendt prend à nouveau le meilleur sur le coureur de la Direct Energie et poursuit son sans-faute. Pendant ce temps, le peloton accélère lui clairement l’allure sous l’impulsion du Team Sky, qui bascule dans la longue descente vers l’ultime difficulté du jour avec à peine 40 secondes de retard. Dans cette portion très rapide, Mitchelton-Scott décide aussi de fournir son effort, et cela n’arrange évidemment pas les échappés. Alors que Luis Leon Sanchez (Astana) change de vélo et reprend sa place dans le peloton, les fuyards du jour sont réintégrés avant même les 20 derniers kilomètres.
Les formations de favoris tentent de remonter leur homme fort avant la côte de la Colle sur Loupe, particulièrement exigeante. Dan Martin est lui hors-jeu avant même l’ascension puisque décroché après une crevaison. C’est donc sans l’Irlandais que le peloton entame l’ultime difficulté répertoriée du jour. La Quick Step Floors y rentre plein pot avec Julian Alaphilippe bien calé dans les roues. Le Français va d’ailleurs chercher Simon Yates, qui se montre en tant que premier attaquant. La sélection s’opère immédiatement, et Alexis Vuillermoz (AG2R-La Mondiale) se montre aussi à son avantage et tente d’accélérer, en vain. Wout Poels (Team Sky) relance également, mais c’est Tim Wellens (Lotto-Soudal) qui le prend de suite en chasse et ce sont une quinzaine d’hommes qui se réunissent en tête de course. Pas pour longtemps, néanmoins, puisque Sergio Henao (Team Sky) et Alexis Vuillermoz en remettent une couche. Avec le vélo de son coéquipier Omar Fraile, le maillot jaune Luis Leon Sanchez s’accroche lui comme il peut lors de toutes ces attaques. Simon Yates en décroche d’ailleurs deux nouvelles, à l’approche du sommet. Mais dans la descente qui suit, Julian Alaphilippe opère la jonction et permet le retour de tous les favoris … à l’exception de Wout Poels, victime d’une grosse chute sur le bas côté. Le Néerlandais ne repart pas, contraint à l’abandon alors qu’il occupait le second rang du classement général après sa victoire dans le contre-la-montre. Sans Poels, la course se poursuit, et Simon Yates, encore lui, déclenche une nouvelle attaque.
Cette fois-ci, le Britannique fait le trou, mais Henao et Wellens sortent en poursuite, et le Belge parvient à opérer la jonction. Pas le Colombien. Un duo tente donc de prendre le large mais derrière, c’est Jakob Fuglsang qui se dévoue pour son collègue Luis Leon Sanchez. Le Danois permet au groupe de rester à 10 secondes à peine de la tête, et Gorka Izagirre décide de sortir lorsque le coureur d’Astana s’écarte. L’Espagnol fait la jonction avec quelques autres, mais pas Henao ou De La Cruz, décrochés dans ces dernières pentes. Un regroupement d’environ 10 hommes s’opère en tête et Rudy Molard (Groupama-FDJ), toujours présent, tente de tromper ses concurrents. On ne le laisse pas filer. C’est ensuite au tour de Ion Izagirre (Bahrain-Merida), pris en chasse par Alaphilippe en personne. On s’approche alors du dernier kilomètre et Rudy Molard tente à nouveau sa chance. Le Français sort sur la gauche de la chaussée et, cette fois-ci, n’est pas poursuivi. Il en profite logiquement pour appuyer et maintenir son effort. Il passe sous la flamme rouge avec quelques dizaines de mètres d’avance tandis que personne ne veut faire le travail chez les favoris. Rudy Molard ne se pose lui aucune question et pédale de toutes ses forces vers la ligne d’arrivée. Il peut finalement se relever quelques mètres avant la ligne pour savourer son plus grand succès chez les professionnels. Deux secondes plus tard, Tim Wellens vient battre Julian Alaphilippe pour la deuxième place. Luis Leon Sanchez termine quatrième et conserve encore son maillot jaune.
Classement de la sixième étape
1 Rudy Molard (Groupama – FDJ)
2 Tim Wellens (Lotto Soudal) à 0’02
3 Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors) m.t
4 Luis Leon Sanchez (Astana Pro Team) m.t
5 Sam Oomen (Team Sunweb) m.t
6 Dylan Teuns (BMC Racing Team) m.t
7 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) m.t
8 Johan Esteban Chaves (Mitchelton-Scott) m.t
9 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) m.t
10 Sergio Luis Henao (Team Sky) m.t
Général après la sixième étape
1 Luis Leon Sanchez (Astana Pro Team)
2 Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors) à 0’22
3 Marc Soler (Movistar Team) à 0’26
4 Gorka Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’34
5 Tim Wellens (Lotto Soudal) à 0’35
6 Ion Izagirre (Bahrain Merida Pro Cycling Team) à 0’42
7 Simon Yates (Mitchelton-Scott) à 0’45
8 Sergio Luis Henao (Team Sky) à 0’46
9 Johan Esteban Chaves (Mitchelton-Scott) à 0’48
10 Patrick Konrad (BORA – hansgrohe) à 0’54
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