Adrien Petit : « Difficile à digérer »
C’est la grande absente du jour. L’équipe Direct Energie n’a pas été retenue pour l’Omloop Het Nieuwsblad. Ni même pour À Travers la Flandre et le Tour des Flandres qui, comme le Nieuwsblad, sont organisés par Flanders Classics. Un coup dur pour une équipe qui cultive depuis longtemps un véritable engouement pour ces courses si particulières. La neuvième place de Sylvain Chavanel sur le dernier Tour des Flandres le rappelle, tout comme la neuvième place d’Adrien Petit sur Paris-Roubaix dans la foulée. Cette année, le jeune prodige Lilian Calmejane voulait même s’y tester (sur À Travers la Flandre et le Tour des Flandres). Il n’en sera rien. Lorsque la mauvaise nouvelle pour le Tour des Flandres est tombée, VeloPro.fr a été à la rencontre d’Adrien Petit, lors du Tour de la Communauté de Valence, pour qu’il nous livre son sentiment.
« Ça a été difficile à digérer, soupirait-il. C’est sûr que ce n’est pas simple quand on fait un gros hiver en pensant tous les matins aux classiques… en partant rouler par tous les temps, étant nordiste, et en se disant que ce sera un avantage pour ces courses où la météo est souvent peu clémente. Alors quand les organisateurs nous oublient, c’est frustrant bien sûr… » Natif d’Arras, Adrien Petit a forcément ces courses dans le coeur. Alors la non sélection a été un crève coeur. Heureusement il reste Paris-Roubaix et le Grand Prix E3 Harelbeke. Mais pas que…
Si certains se plaignent de l’épidémie d’ajouts de pavés et de chemins de terre sur les parcours d’épreuves pas spécialement flandriennes, cela n’a pas que des inconvénients. Ainsi depuis 2015, le Samyn, qui était une course pour sprinters jusque là, offre un circuit final avec quatre beaux secteurs pavés à parcourir à quatre reprises. Le résultat est à chaque fois spectaculaire. Le Grand Prix de Denain va suivre le même exemple. Ces nouveautés permettent aux équipes qui n’ont pas la chance de disputer les Flandriennes de goûter au plaisir des courses pavées. Et pour Direct Energie, c’est l’occasion de reporter ses objectifs.
« Après la déception des non invitations, je m’y suis fait, relativise Adrien Petit. Je ne pourrai voir le Het Nieuwsblad qu’à la télé, mais je vais me re-concentrer sur d’autres courses comme le Samyn, le Grand Prix de Denain ou la Roue Tourangelle. J’irai là bas pour chercher des résultats » . Ainsi le « week-end » d’ouverture belge de Direct Energie se composera de Kuurne-Bruxelles-Kuurne (25 février) et du Samyn (mardi 27 février). Une sorte de montée en puissance, et, pour Adrien Petit, peut-être une occasion supplémentaire de prouver sa valeur sur les pavés. Car jusqu’à présent l’Arrageois faisait l’impasse sur la course wallonne en raison de sa participation au Nieuwsblad et à Kuurne. Cette année, s’il veut briller sur le Samyn, il devra affronter Philippe Gilbert (Quick Step) notamment, qui a lui décidé de faire l’impasse sur Kuurne pour enchaîner Nieuwsblad et Samyn.
Mais le point d’orgue des classiques, avant Paris-Roubaix, pourrait bien être le Grand Prix de Denain pour Adrien Petit. L’épreuve proposera pour la première fois cette année, une vingtaine de kilomètres pavés (lire ici). « Denain ne m’avait jamais motivé jusqu’à présent car c’est une course avant tout pour sprinters, avec un emballage final en faux plat descendant. Ces deux dernières années j’avais fait l’impasse. C’est sûr qu’autour de Denain, il y a de quoi faire un super parcours. Moi je n’attendais que ça… Depuis que je suis pro, je savais que cette course pouvait devenir un grand rendez-vous. Ça se fait cette année donc ça tombe bien pour moi. Après ce sera pendant le week-end de Milan-San Remo, donc les grands noms ne pourront sans doute pas cumuler » .
En dehors des ambitions personnelles, Adrien Petit s’attachera à accompagner Thomas Boudat. Un rôle de poisson pilote que Petit apprécie puisque c’était déjà l’une de ses grandes attributions avec Bryan Coquard, mais avec Boudat il va aussi falloir mettre en place les automatismes. « Forcément le départ de Bryan change beaucoup. Nous avions pris beaucoup de repères entre nous, nous avions eu pas mal de succès… on faisait vraiment de belles choses quand on courrait ensemble. C’est donc un changement mais Thomas est très motivé. Il a vraiment de quoi performer et moi je vais l’aider à gagner le plus possible. Ce sera l’autre gros objectif de ma saison. Il est jeune mais a beaucoup de qualités. On l’a déjà entrevu en début de saison » . En effet, ça a plutôt déjà bien commencé avec une victoire sur la première étape du Tour d’Andalousie, même si comme Thomas Boudat nous l’affirmait ce jour là, il avait perdu ses coéquipiers et avait dû se débrouiller un peu seul (voir ici). À Kuurne, le coureur qui fête ses 24 ans aujourd’hui retrouvera les pavés et même s’il s’était déjà testé sur le week-end d’ouverture l’an passé, nul doute que l’expérience d’Adrien Petit lui sera précieuse avec, pourquoi pas à l’avenir, la possibilité d’avoir des ambitions ici en Flandres.
Mais encore faudra-t-il retrouver les faveurs des organisateurs. Outre les courses Flanders Classics, Direct Energie a aussi été recalé pour le Critérium du Dauphiné. Une première pour l’équipe de Jean-René Bernaudeau alors que l’an passé, la formation vendéenne était alignée à la fois sur l’épreuve ASO et en même temps sur le Tour de Suisse. L’épreuve helvétique sauvera d’ailleurs la préparation de Direct Energie en vue du Tour de France en les réinvitant cette année. « L’objectif était avant tout Paris-Nice pour nous, contrebalançait Petit. S’il y avait eu un choix à faire entre Paris-Nice et le Dauphiné, on aurait pris le premier car en juin il y a le Tour de Suisse, le Tour du Luxembourg, donc il y a de quoi faire. Ce n’est pas une frustration » .
Reste que cela montre que depuis le départ de Thomas Voeckler, l’équipe Direct Energie n’a plus autant la faveur des organisateurs. En France, il semble que la hiérarchie des forces se soit inversée avec Fortuneo – Samsic et sa recrue star, Warren Barguil. La formidable victoire de Lilian Calmejane sur les routes du Tour de France 2017, quelques mois après sa victoire d’étape sur La Vuelta, ne font donc pour le moment pas encore assez pour remplacer Voeckler.