Vuelta : Nairo Quintana en solitaire, Nicolas Roche en rouge et déjà un feu d’artifice !
Le scénario de la deuxième étape du Tour d’Espagne 2019 semblait imprévisible. Et il a sans doute, au final, dépassé toutes les attentes. Car c’est une première grosse explication qui a eu lieu sur les hauteurs de Calpe ce dimanche. Les sprinteurs et les puncheurs ont très vite laissé la place aux grands favoris de cette Vuelta 2019 qui sont donc sortis de leur réserve dès le deuxième jour de course. Tout s’est décanté dans la dernière ascension, à plus de 25 kilomètres de l’arrivée, et après plusieurs mouvements c’est un groupe de six coureurs qui a trompé la vigilance du maillot rouge Miguel Angel Lopez (Astana). Parmi eux, Nairo Quintana (Movistar), Rigoberto Uran (EF Education First) mais aussi Primoz Roglic (Jumbo-Visma) et Fabio Aru (UAE Team Emirates), tous deux victimes d’une chute dans le chrono samedi. Grâce à une bonne entente dans les vingt derniers kilomètres, les six « échappés » ont repoussé le maillot rouge à une trentaine de secondes tandis que Quintana a profité d’un moment de latence dans le final pour s’enfuir et décrocher la victoire en solitaire. Présent à l’avant, Nicolas Roche (Sunweb) a pris la deuxième place au sprint et en profite pour se parer du maillot rouge de leader.
Dans cette première étape en ligne de la Vuelta, au départ de Benidorm, l’échappée du jour s’initie seulement à l’entame de la première difficulté de la journée, le Puerto de Confrides (20,6 km à 3,6 km), après une quinzaine de bornes. Angel Madrazo (Burgos BH) et Sander Armée (Lotto-Soudal) prennent rapidement leurs distances et sont ensuite pris en chasse par Willie Smit (Katusha-Alpecin) et Jonathan Lastra (Caja Rural-Seguros RGA). Le peloton, lui, lève le pied et se contente d’une échappée de quatre hommes. Néanmoins, la jonction entre les deux duos en tête tarde à se faire. Smit et Lastra coincent à trente secondes de Madrazo et Armée pendant une grosse dizaine de kilomètres. Ce n’est alors que de la deuxième ascension du jour, après environ 50 bornes, que le regroupement s’opère en tête. On retrouve dès lors un quatuor qui bascule au sommet de la bosse avec près de huit minutes d’avance sur un peloton jusque là apathique.C’est en fait après cet enchaînement de deux montées répertoriées que la formation Astana décide d’augmenter le rythme. Elle est bientôt aidée par la Bora-hansgrohe, et ensemble, les deux formations ramènent l’écart sous les cinq minutes à la mi-course, soit à cent kilomètres de l’arrivée. Les coéquipiers du maillot rouge Miguel Angel Lopez et ceux de Sam Bennett continuent de se relayer dans cette deuxième partie de course et l’écart diminue progressivement, au fil des kilomètres. Si bien qu’il passe sous les trois minutes à soixante bornes du but.
Cela ne va pas en s’arrangeant pour les fuyards puisque le peloton commence à devenir nerveux à l’approche du dernier quart du parcours et en prévision de la fameuse dernière ascension. Avant celle-ci, néanmoins, les coureurs entrent une première fois à Calpe et franchissent la ligne … dans le sens inverse. À cet instant de la course, il ne reste plus qu’une quarantaine de kilomètres à couvrir et le peloton revient déjà à 1’30 du quatuor échappé. C’est pourquoi Sander Armée décide alors de relancer, et le Belge se défait quasi-immédiatement de ses trois compagnons de fuite. C’est donc en solitaire qu’il aborde la dernière heure de course avec un peloton lancé à toute allure derrière lui. La Jumbo-Visma prend les rênes avec autorité et la tension monte d’un cran à l’approche des trente derniers kilomètres. Si bien qu’en l’espace de six kilomètres, Armée perd la minute qu’il détenait sur le peloton. La jonction est ainsi effectué juste après le sprint intermédiaire, et c’est ensuite l’auto de Piug Llorença (3 km à 9,5 km) qui se présente très rapidement. Au pied, c’est la Movistar qui s’y présente dans les premières positions avec AG2R-La Mondiale. Le peloton explose complètement dès les premières pentes et, bien placé, Pierre Latour décide lui de porter une première estocade. Le Français est suivi par Davide Formolo (Bora-hansgrohe) puis par George Bennett (Jumbo-Visma) alors que le peloton s’amaigrit extrêmement vite, au moins que l’on n’y retrouve plus qu’une trentaine d’unités à deux bornes du sommet.
Et ça se complique encore davantage pour certains lorsqu’Alejandro Valverde ramène un groupe de favoris sur le trio de tête. Un groupe où ne sont pas présents Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma), Wout Poels, Tao Geoghegan Hart (Team Ineos) ou bien Jakob Fuglsang (Astana). Ils ne sont plus que vingt en tête à un kilomètre du sommet et le champion du monde maintient un gros tempo. Pierre Latour tente malgré tout d’attaquer, mais Valverde va le chercher avant même le sommet. Dans la descente qui suit, Formolo tente de prendre quelques longueurs, mais c’est finalement dans le replat suivant que les attaques décisives interviennent. Ce sont d’abord Mikel Nieve (Mitchelton-Scott) et Nicolas Roche (Sunweb) qui proftent de leur étiquette d’outsiders pour prendre du champ, mais très vite, Primoz Roglic (Jumbo-Visma), Rigoberto Uran (EF Education First), Nairo Quintana (Movistar) et Fabio Aru (UAE Team Emirates) décident eux aussi de se lancer à l’offensive. La jonction est faite à vingt kilomètres du but entre les six hommes et le maillot rouge Miguel Angel Lopez est piégé à l’arrière. Le Colombien sollicite alors son seul équipier présent, Ion Izagirre, et le Basque se met à la planche pendant cinq minutes. Il maintient l’écart à 15 secondes avec les six échappés avant de s’écarter et c’est alors le maillot rouge en personne qui prend ses responsabilités à 15 bornes du but.
Le champion d’Italie Davide Formolo (Bora-hansgrohe) lui porte main forte dans ce groupe de poursuivants, mais l’entente est excellente à l’avant et l’écart grimpe d’abord à 20 secondes sous le panneau des dix kilomètres avant de s’élever à 30 secondes dans la dernière descente. À 5 kilomètres du but, les six hommes de tête comptent même près de 40 secondes sur le groupe maillot rouge mais la collaboration s’effrite quelques instants plus tard. À 3 bornes, Uran laisse une cassure derrière Quintana alors en tête, et le Colombien de la Movistar en profite pour passer à l’attaque. Il fait immédiatement le trou alors qu’on tarde à réagir derrière. Mikel Nieve et Nicolas Roche finissent par y aller mais ne peuvent combler l’écart. D’autant qu’Uran, Roglic et Aru suivent et personne ne souhaite faire le dernier effort. Alors, sous la flamme rouge, Quintana compte encore 4-5 secondes d’avance et parvient à les conserver jusqu’au bout. Le protégé d’Eusebio Unzue pousse toutefois sur les pédales jusque sur la ligne d’arrivée avant de savourer son succès. Roche bat lui Roglic une poignée de secondes plus tard et se pare ainsi du maillot rouge, dont est dépossédé Miguel Angel Lopez qui arrive à 37 secondes du vainqueur. Quintana passe lui au deuxième rang du général et Roglic se replace sixième au lendemain d’une grosse chute et de la désillusion de la Jumbo-Visma sur le chrono par équipes.
Classement de la deuxième étape
1 Nairo Quintana (Movistar)
2 Nicolas Roche (Sunweb)
3 Primož Roglič (Jumbo-Visma)
4 Rigoberto Urán (EF Education First)
5 Fabio Aru (UAE-Team Emirates)
6 Mikel Nieve (Mitchelton-Scott)
7 Sergio Higuita (EF Education First)
8 Tadej Pogačar (UAE-Team Emirates)
9 Alex Aranburu (Caja Rural – Seguros RGA)
10 Alejandro Valverde (Movistar)
Général après la deuxième étape
1 Nicolas Roche (Sunweb)
2 Nairo Quintana (Movistar) à 0’02
3 Rigoberto Urán (EF Education First) à 0’08
4 Mikel Nieve (Mitchelton-Scott) à 0’22
5 Miguel Ángel López (Astana) à 0’33
6 Primož Roglič (Jumbo-Visma) à 0’36
7 Wilco Kelderman (Sunweb) à 0’38
8 Sergio Higuita (EF Education First) à 0’40
9 Davide Formolo (BORA – hansgrohe) à 0’46
10 Rafał Majka (BORA – hansgrohe) m.t