Il y a un an… Johan Molly, découvreur de talents pour Soudal-QuickStep, à propos des jeunes qui quittent le cyclisme : « Il y a trop de pression. Il y a des jeunes de 16 ans qui ont déjà un agent ».

Le recruteur de Soudal-QuickStep s’exprime sur le cas des talents qui abandonnent à l’âge de 20 ans. Johan Molly est un recruteur expérimenté des jeunes du cyclisme qui a découvert au cours de sa carrière de futurs champions tels que Filippo Ganna, Julian Alaphilippe et Mads Pedersen. Interrogé par Sporza sur Cormac Nisbet et Gabriel Berg, deux athlètes prometteurs de l’équipe de développement Wolfpack âgés de 18 et 19 ans qui ont fait leurs adieux au cyclisme, il a souligné que le problème est assez complexe et qu’il y a de nombreux facteurs qui peuvent affecter négativement la croissance sportive et humaine d’un jeune.
Pour un talent qui veut devenir un champion, il est important d’être mature même à un jeune âge. « Il faut être capable d’y faire face pour changer sa vie. Cela peut aussi faire la différence entre un champion et des enfants qui sont juste un peu moins.
Une grande partie de la pression que subissent les jeunes coureurs vient avant tout de leurs familles, qui s’extasient devant leur talent précoce et n’attendent pas le bon moment pour pousser les équipes à les mettre sous contrat. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de courriels et de messages que je reçois de la part de parents qui voient « quelque chose » dans leur fils. Ils disent : « Il faut juste qu’il s’épanouisse ». Après tout, tout le monde veut le meilleur pour ses enfants ».
Johan Molly ne pense pas grand-chose de certains agents cyclistes qui s’intéressent à des talents de plus en plus jeunes. « Je vais voir les courses de jeunes dans toute l’Europe. Jamais auparavant il n’y a eu autant de recruteurs d’agences de management sur les courses », révèle-t-il. Il y a des jeunes de 16 ans qui ont déjà un manager. Ils les rendent fous en leur disant qu’ils peuvent gagner 200 000 euros en tant que junior. Ensuite, je dois rivaliser avec eux en tant que recruteur. Lorsque Cormac [Nisbet, ndlr] a annoncé qu’il prenait sa retraite, son manager nous a immédiatement envoyé un courriel contenant trois nouveaux noms de cavaliers susceptibles d’occuper le poste vacant. Il ne pensait plus à Cormac ».
Tous les agents de cavaliers ne sont évidemment pas les mêmes mais, selon Molly, beaucoup d’entre eux pressurent les cavaliers et ne leur laissent pas le temps de s’épanouir. « Je ne veux certainement pas tout mettre dans le même sac, mais certains managers veulent que leur cavalier devienne pro le plus tôt possible. C’est juste que ces mêmes managers sont déjà occupés avec d’autres gars après deux ans. Si vous ne pouvez pas passer à l’étape suivante avec les pros, ces managers se désintéressent ».
Ensuite, selon le recruteur de Soudal-QuickStep, il y a des jeunes qui, par trop d’enthousiasme, ont tendance à vouloir brûler les étapes. « Ils se mettent aussi la pression.



