Tom Dumoulin : « Des choses surprenantes se sont déjà passées dans des troisièmes semaines de Grands Tours »
Deuxième du général mais relégué a 2’11 du maillot rose Simon Yates (Mitchelton – Scott), le vainqueur sortant du Giro va devoir réaliser un contre-la-montre de très haut niveau pour refaire son retard et se replacer à l’aube du triptyque montagneux prévu avant l’arrivée à Rome mais Tom Dumoulin (Sunweb) n’était pas des plus confiants après avoir reconnu le parcours de ce fameux chrono de 34,2 kilomètres. Le vent de dos est notamment à l’origine de son pessimisme mais pas que. « Si c’est vent de dos comme ça l’était aujourd’hui alors les différences ne seront pas énormes » expliquait-il. Le coureur de Maastricht ne semble pas des plus optimistes depuis le deuxième jour de repos il y a une semaine. Il y affirmait déjà que même s’il reprenait 2′ à Yates sur le chrono, ce qui nécessiterait qu’il soit dans un grand jour ce mardi, Yates pouvait encore lui reprendre du temps sur les trois dernières étapes montagneuses… Or il est aujourd’hui déjà à plus de 2′. Les 47 secondes perdues hier (en comptant les bonifications) font mal au moral.
Tom, vous avez repéré le tant attendu chrono de ce mardi. L’appréciez-vous ?
J’aime tous les chrono mais ce n’est pas le meilleur parcours pour moi. C’est très rapide et tout plat, ce n’est pas ce que je préfère le plus mais je reste content avec chaque contre-la-montre. Si demain il y a vent de dos comme aujourd’hui, alors en vous mettant en position de chrono, et si vous développez seulement 300 watts, alors vous faites déjà 50km/h. Or il y a une limite à la vitesse maximale que vous pouvez atteindre et donc dans ce cas de figure, les écarts pourraient être réduits. Nous verrons demain, il est aussi prévu que le vent change et il pourrait être de face. Cela dit de manière générale, je pense que les différences seraient supérieures si le parcours était plus valloné, y compris entre les coureurs du classement général.
Simon Yates vous a surpris sur ce Giro ?
Oui. Il a toujours été fort et il est encore jeune. Il gravit les échelons chaque année. Maintenant il a vraiment augmenté de niveau, comme je l’avais fait l’an passé. C’est bien pour lui… moins pour moi (sourires).
Gagner le chrono de demain face aux spécialistes du genre qui se sont réservés pour ça, est-il un objectif ?
Peut-être ont-ils un léger avantage puisqu’ils ont pu prendre les derniers jours un peu plus « tranquillement » (mimant les guillemets), si c’était possible. Mais ça dépendra encore une fois du vent. J’ai appris de la part de certains spécialistes du chrono qu’ils avaient volontairement perdu plus de temps sur les étapes de montagne pour démarrer plus tôt le contre-la-montre car le vent pourrait changer durant la journée… et bien sûr ce ne serait pas un avantage pour moi. Mais oui, c’est un objectif de gagner demain. J’aimerai beaucoup remporter une autre étape.
Est-ce qu’une étape comme celle de Prato Nevoso avec une seule montée sèche à la fin est un avantage pour vous ?
Je ne sais pas si j’ai un avantage mais ça me convient sûrement mieux qu’une journée à cinq cols. C’est une étape facile et puis soudainement il y a un effort maximal à livrer. J’aime ce genre d’étape mais vu la façon dont Yates court actuellement, je n’ai aucun avantage sur lui dans une ascension.
Avez-vous vu une seule faiblesse chez Simon Yates ?
Non ! Jusqu’à présent non. Il a couru parfaitement, tactiquement aussi. Il n’a fait aucune erreur, il est en excellent forme. Il y a des tactiques que l’on peut avoir mais il faut réussir à le lâcher à un moment et, à l’heure actuelle, je ne sais pas où il est possible de faire ça. J’attends, j’attends, j’attends et j’espère que ce moment va venir. C’est tout ce que je peux faire. Si ce moment vient, alors je le saisirai. Mais d’abord il y a demain.
Si vous prenez le maillot demain, ça inverserait les rôles et vous donnerez plus de chances de l’emporter ?
Si je prends le maillot demain, il y a peu de chance que je l’emmène jusqu’à Rome. Après tout peut arriver et des choses surprenantes se sont déjà passées dans des troisièmes semaines de Grands Tours. Je conserver espoir.
Comment jugez-vous votre condition sur ce Giro ?
Très bien. Je suis content de mon état de forme, je suis content de ma façon de courir. Je n’ai pas fait d’erreur jusqu’à présent. Tactiquement et physiquement, ça va bien. Il y a juste un coureur qui est meilleur. Le cyclisme est ainsi. Je l’accepte et j’espère que les choses vont changer et peut-être que ça arrivera, peut-être pas… Je ne peux rien dire de plus.
L’UCI vient tout juste d’annoncer la suppression du Championnat du Monde du contre-la-montre par équipes. Qu’en pensez-vous ?
Pour nous, c’était un bel événement. Je ne connais pas les raisons de cette décision donc je n’ai pas d’opinion.
Il semblerait qu’ils pensent à un chrono par équipes couru en sélections nationales. Ça vous plairait ?
Ah non, je n’aimerai pas ça. Je pense que c’est trop compliqué. Il faut s’entraîner pour ce genre de compétition, le matériel ne serait pas le même et les casques… pour moi il n’y aurait aucun intérêt à le faire ainsi.