Nairo Quintana : « Creuser les écarts avant le chrono »
Nairo Quintana avait une idée derrière la tête pour cette deuxième étape de montagne du Giro. Si l’Etna était annoncé venteux et pas vraiment propice à faire des écarts, le Blockhaus était en revanche une bonne occasion de se tester. A 50 kilomètres de l’arrivée, le Colombien a demandé à ses équipiers de rouler et a repris les échappés avant même le pied de l’ascension finale. Il a ensuite lancé son train dans la montagne, pas du tout perturbé par l’incident survenu avant le pied, lorsqu’une moto de police a été percutée par ses rivaux Geraint Thomas, Mikel Landa et Adam Yates. Avec son calme habituel, le Colombien a continué sa route et s’est dressé sur les pédales à six kilomètres du but emmenant avec lui Vincenzo Nibali et Thibaut Pinot qu’il a usés et lâchés à force d’attaquer.
A l’arrivée, le Colombien était seul et personne n’a pu lui contester ce premier succès qui lui tendait les bras. En prime, il a pris le maillot rose et ses rivaux auront fort à faire pour aller le lui reprendre. « C’était une super journée, dit-il. Je voulais me prouver à moi et à mes coéquipiers que mes jambes allaient bien. Je me sentais fort et l’équipe aussi. Tous les gars ont travaillé d’une manière fantastique, du début à la fin, durant toute la journée, ce qui vous donne toujours une motivation supplémentaire pour donner le meilleur. »
Quintana avait dans l’idée de faire des écarts avant la journée de repos et le contre-la-montre de Foligno. Excepté Thibaut Pinot, Tom Dumoulin et Bauke Mollema, il a relégué tous ses autres rivaux à au moins une minute. « Je savais qu’il était important de creuser les écarts avec mes rivaux avant le chrono. Après la première attaque, j’ai vu que Pinot et Nibali me suivaient mais j’ai continué d’attaquer encore et encore jusqu’à pouvoir enfin creuser le trou et partir devant. J’ai tout donné et nous terminons finalement avec la victoire et aussi le maillot rose juste avant la journée de repos. Je suis très content que nous ayons fait une belle sélection parmi les favoris et que nous ayons pris du temps. »
Même s’il a fait le ménage au classement général, le leader de la formation Movistar sait que Milan est encore loin et qu’il devra faire preuve de prudence mais aussi qu’il devra continuer d’attaquer quand il en aura l’occasion. « Il reste encore beaucoup de route devant nous sur ce Giro. Il y a notamment un chrono important où j’espère bien faire. Nous verrons mardi si ces 30 secondes d’avance sur Dumoulin sont beaucoup ou peu. Il reste encore beaucoup de montagne et certains rivaux restent proches et ils sont forts. Pour le moment, je reste sur mes bonnes sensations qui sont très importantes. J’espère continuer avec la bonne santé et de bonnes jambes. »
Il sait aussi qu’un accident est si vite arrivé, lui qui avait d’ailleurs quitté la Vuelta 2014 au lendemain d’un chrono sur lequel il avait lourdement chuté avec la tunique de leader. Quintana y repensera forcément un peu mais il songera également à la malchance qu’ont vécu les formations Sky et Orica, voyant leurs leaders relégués assez loin. Pourtant, le Colombien semble encore se méfier des Britanniques. « Ils vont tenter de réagir », assure-t-il même si Thomas est désormais pointé à plus de 5′ au général juste derrière Adam Yates.
Bien que sa froideur lui soit reprochée par certains, Quintana a conclu par un geste classe, dédiant sa victoire à Michele Scarponi, décédé avant le Giro. « Cette victoire est dédiée en premier lieu à tous les Colombiens et les fans latino-américains. C’est aussi pour Michele Scarponi, je suis désolé de sa disparition. »