Giro : Pello Bilbao double la mise, Richard Carapaz reste en rose
Feu d’artifice dans les Dolomites. Très attendue, la 20e étape n’a pas déçu. Reliant Feltre à Croce d’Aune en 194 kilomètres, le parcours du jour proposait cinq ascensions majeures. Un terrain idéal pour partir de loin et tenter de renverser la course. Les Astana de Miguel Angel Lopez ont essayé de faire la décision dans la deuxième ascension du jour, mais en vain. C’est alors dans l’avant-dernière difficulté que la course des leaders s’est décantée. Le maillot rose Richard Carapaz et son coéquipier Mikel Landa s’y sont montrés les plus forts avec Vincenzo Nibali. Ils ont pu rejoindre les derniers rescapés du groupe de tête, mais n’ont pas empêché la victoire de Pello Bilbao. Landa a conclu deuxième, devant Giulio Ciccone. Au terme de l’étape, le coureur basque prend la troisième place du général aux dépens de Primoz Roglic. Le maillot rose reste lui solidement accroché aux épaules de Carapaz.
Le départ de cette étape décisive est très rapide. Après plusieurs tentatives vaines sur les premiers kilomètres plats, le peloton arrive groupé au pied de la Cima Campo (2e cat., 18,7km à 5,9%). La première des cinq difficultés du jour est très animée. Nombre de coureurs tentent de se dégager, mais sans réussite. C’est alors au train que se fait la différence. Après une première attaque, Pello Bilbao (Astana) vient imprimer un rythme très soutenu en tête du peloton déjà très réduit. Sa tactique paye, et un groupe de onze coureurs se dégage. Il y a là Andrey Amador (Movistar), Fausto Masnada (Androni-Sidermec), Damiano Caruso (Bahrain-Merida), Eros Capecchi (Deceuninck-Quick Step), Tanel Kangert (EF Education First), Mikel Nieve (Mitchelton-Scott), Amanuel Ghebreigzabhier (Dimension Data), Eddie Dunbar (Ineos), Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin) et Jai Hindley (Sunweb). Cette belle échappée part à six kilomètres du sommet. Dario Cataldo (Astana) se lance ensuite en poursuite et parvient à recoller. Douze hommes évoluent alors en tête et passent le premier sommet du jour avec 37″ d’avance.
L’échappée capitalise dans la longue portion descendante qui suit. Réduit à une trentaine d’unités au sommet de la Cima Campo, le peloton ralentit et voit le retour de nombreux distancés. Les fuyards attaquent alors le Passo Manghen (Cima Coppi, 18,9km à 7,6%) avec 3’30 » de marge. Fausto Masnada attaque ses compagnons de fuite au pied et part seul face à ce col très exigeant. Il réussit à creuser l’écart sur le reste de l’échappée. Alors que Masnada a pris plus d’une minute à ses anciens compagnons de fuite, la course des favoris se lance à l’arrière. A 120 kilomètres du but, Miguel Angel Lopez (Astana) fait rouler ses équipiers à un train très soutenu. Cela opère une grosse sélection et permet à Lopez d’attaquer sur les pourcentages les plus durs. Il est seulement suivi par le maillot rose Richard Carapaz (Movistar) et son coéquipier Mikel Landa. A trois, ils reprennent les poursuivants de Masnada juste avant le sommet, et y retrouvent plusieurs équipiers. En retrait, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) et Primoz Roglic (Jumbo-Visma) profitent de la descente rapide pour recoller. Les autres favoris reviennent également, ce qui constitue un nouveau peloton maillot rose en poursuite de Masnada.
Masnada est repris par le groupe des favoris à 100km du but. Il y alors seulement 22 coureurs dans ce peloton maillot rose, les attaques reprennent de plus belle. Les membres de l’échappée matinale tentent de reformer un groupe de tête. On voit alors Bilbao et Nieve initier une nouvelle échappée. Ils sont rejoints après une courte poursuite par Kangert, Dunbar et Ghebreigzabhier. Le peloton maillot rose décide de temporiser. Nombre de distancés opèrent alors la jonction. Notamment Valentin Madouas (Groupama-FDJ) qui, à peine rentré, attaque ce groupe. Il est suivi par Capecchi et Ciccone, à la poursuite du quintet de tête. Ce trio attaque le Passo Rolle (2e cat., 20,6km à 4,7%) avec 1’20 » de retard sur l’échappée, le peloton maillot rose est lui pointé à 2’10 ».
Sur cette longue ascension roulante, Madouas et Ciccone se défont de Capecchi et rejoignent la tête de course. L’échappée compte alors sept unités avant de recevoir le renfort de Capecchi qui a grimpé à son train. Derrière, la Movistar conduit le peloton en contrôlant l’écart autour de trois minutes. L’échappée progresse à huit coureurs dans la montée et passe le sommet groupé. Le groupe maillot rose y arrive avec 2’55 » de retard. Seul distancé à ce stade parmi les coureurs placés au général, Davide Formolo (Bora-hansgrohe), le dixième, accuse sept minutes de retard. Suit une interminable descente, plus de trente kilomètres, pour rallier le pied de l’avant-dernier col : Croce d’Aune (2e cat., 11,1km à 5,5%).
L’échappée attaque cette montée avec un écart réduit à deux minutes par le peloton. Capecchi lâche prise dès le pied et laisse ses compagnons de fuite poursuivre à sept. Ces derniers s’attaquent, mais en vain, jusqu’à l’accélération de Madouas, à 16 unités du but. Le Français réussit à s’isoler en tête. Derrière, la bataille des favoris se relance avec deux attaques successives de Miguel Angel Lopez. Repris, le Colombien est contré par Mikel Landa (Movistar). Personne ne peut suivre le Basque, alors Roglic et Nibali s’entendent pour le poursuivre. Carapaz se contente de gérer ses rivaux, ce qu’il fait parfaitement. Au sommet, Madouas bascule seul en tête au sommet avec 18″ d’avance sur ses premiers poursuivants.
Dans la descente, Nibali prend tous les risques et ne peut être suivi que par Carapaz. Les deux premiers du général reprennent Landa et fondent ensemble sur les rescapés du groupe de poursuite. Dans le même temps, Rafal Majka et Miguel Angel Lopez tombent dans la descente. Le dernier cité va au sol à cause d’un spectateur et se fait justice lui-même. A l’avant, Madouas est repris par Ciccone et Nieve à 4 kilomètres du but, avant de voir revenir Carapaz, Landa et Nibali. Un groupe se forme en tête avec Carapaz, Landa, Nibali, Bilbao, Nieve, Madouas, Ciccone et Kangert. A deux kilomètres du sommet, le groupe Roglic accuse 38″ de retard. Le groupe de tête tient jusqu’au bout et se dispute la victoire au sprint. Mikel Landa lance le premier, mais se fait déborder par Pello Bilbao. Ce dernier remporte ici sa deuxième étape du Giro 2019 en devançant le Basque et Giulio Ciccone. Roglic coupe la ligne à 54 secondes du vainqueur et perd sa place sur le podium du général au profit de Landa.
Le classement de la 20e étape :
1. Pello Bilbao (Astana) en 5h46’02 »
2. Mikel Landa (Movistar) m.t.
3. Giulio Ciccone (Trek-Segafredo) à 2″
4. Richard Carapaz (Movistar) à 4″
5. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) m.t.
6. Tanel Kangert (EF Education First) à 15″
7. Mikel Nieve (Mitchelton-Scott) m.t.
8. Valentin Madouas (Groupama-FDJ) à 25″
9. Rafal Majka (Bora-hansgrohe) à 44″
10. Domenico Pozzovivo (Bahrain-Merida) m.t.
Le classement général après la 20e étape :
1. Richard Carapaz (Movistar) en 89h38’28 »
2. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) à 1’54 »
3. Mikel Landa (Movistar) à 2’53 »
4. Primoz Roglic (Jumbo-Visma) à 3’06 »
5. Bauke Mollema (Trek-Segafredo) à 5’51 »
6. Miguel Angel Lopez (Astana) à 7’18 »
7. Rafal Majka (Bora-hansgrohe) à 7’28 »
8. Simon Yates (Mitchelton-Scott) à 8’01 »
9. Pavel Sivakov (Ineos) à 9’11 »
10. Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin) à 12’50 »