Lance Armstrong s’interroge sur l’efficacité des contrôles anti-dopage

Depuis ses révélations de dopage en 2013, la vie de Lance Armstrong a bien changé. L’Américain a été déchu de ses sept succès au Tour de France. Il a également été radié à vie de toutes compétitions sportives. Ce qui n’empêche pas le Texan de rester dans le paysage cycliste. Dans une interview avec le site web, The Outherline, l’homme de 46 ans s’est exprimé longuement sur le dopage. « Je suis vraiment désolé pour ce que j’ai fait, mais je réalise aussi qu’un certain nombre de personnes n’accepteront jamais mes excuses. »

Le cyclisme en exemple

Selon Armstrong, certains sports devraient suivre l’exemple du vélo. « Je sais que le cyclisme a connu de nombreux problèmes de dopage et qu’il est l’un des fondateurs d’une politique antidopage. Mais vous devez regarder dans une perspective plus large. Les cyclistes font au moins quelque chose à ce sujet tandis que d’autres sports le mettent de côté. En football américain, vous pouvez obtenir une dose de cortisone pendant la mi-temps lorsque vous êtes blessé. Si vous jouez un bon match, vous êtes un héros. Et au basket-ball, vous recevez une notification à l’avance lorsque les autorités vont vous contrôler. »

« Dans un sport aussi lourd comme le cyclisme, vous prenez un peu d’EPO et vous êtes un tricheur et une mauvaise personne, qui doit disparaître de la société », poursuit l’ancien septuple vainqueur du Tour de France. « Comment cela peut-il être juste? Cela m’énerve. Encore une fois, je connais très bien mon rôle dans cette affaire. Mais en cyclisme, nous ne faisons rien de différent que dans d’autres sports. Alors pourquoi les gens nous voient-ils comme des losers tricheurs, alors que dans plusieurs disciplines ils vénèrent les athlètes comme des héros? C’est incohérent et personnellement j’ai expérimenté les conséquences de cette attitude. »

Le dopage n’a pas encore été éradiqué

L’Américain pense également que le dopage est loin d’être révolu. « Pour ce que ça vaut, je pense que les mesures antidopage dans le cyclisme sont là pour montrer que le cyclisme est en train de réagir. Hein Verbruggen savait en tant que patron de l’UCI que l’EPO était monnaie courante dans le peloton. Les scientifiques n’avaient pas encore développé de test, après quoi le taux d’hématocrite a été fixé à 50%. Non pas que c’était un bon test, mais pour montrer qu’ils voulaient agir à ce sujet. Plus tard, les tests EPO sont apparus, mais les coureurs se sont améliorés en micro-dosage. Et ainsi de suite. « 

L’Américain s’insurge également des produits à autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (AUT). « J’entends souvent les gens dire qu’ils veulent arrêter les (AUT). Ils plaisantent? Et puis quoi encore ? Dans les autres sports, les athlètes peuvent utiliser des moyens interdits dans le cyclisme. Maintenant, les gens veulent exclure les AUT alors que cela n’améliore que légèrement les performances des coureurs affaiblis. Je pense que, par là, le cyclisme veut se frayer un chemin et améliorer son image. Mais ce n’est pas juste pour les coureurs. »

L’occasion de faire le lien avec le coureur de la Sky Chris Froome, en attente de jugement pour son contrôle anormal au « salbutamol » lors du dernier Tour d’Espagne. « Même s’il n’est pas suspendu, le mal est fait et son image est ternie pour toujours » , déclarait-il dans son podcast hebdomadaire. « Mon hypothèse, sans vouloir faire de jugement, je ne pense pas que Chris Froome sera sur le Tour de France. Cette chose devrait avoir été résolue depuis longtemps, mais je ne pense pas qu’il y sera. »

« Chacun sait que 20 à 30% du peloton triche »

« Je sais que ce qui suit est horrible quand cela sort de ma bouche », déclare le champion du monde de 1993. « Mais parfois, je me demande si nous ne devrions pas en faire moins en matière d’antidopage. Tout d’abord: ça ne marche pas. Deuxièmement, le cyclisme ne reçoit pas de crédit pour ses efforts, par rapport à d’autres sports.Troisièmement: cela coûte beaucoup d’argent pour seulement des petits résultats. Il n’y a qu’un pour cent de tests positifs, alors que chacun sait que 20 à 30% du peloton triche. »

Armstrong utilise son propre cas en exemple et le compare au scandale des athlètes russes. « C’est une affaire qui passe très bien dans les médias et les politiciens en raffolent. Ce sont des situations où les instances peuvent montrer leur puissance et leur volonté de solutionner la question. Ils attaquent un symbole qui devient ensuite une victime publique. Tout le monde est satisfait et continue sa petite vie. Mais le problème est toujours là: rien n’a changé. On dirait que je parle uniquement de moi, mais c’est certainement ce qui se passe maintenant. Voyez comment le CIO gère le cas des athlètes russes ces derniers mois. Ils en ont fait tout un foin, mais le problème n’est pas résolu. »

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