Pierre Rolland : « Je n’ai négligé aucun détail »
Présent au départ pour son 10e Tour de France et son 15e grand tour, Pierre Rolland affiche de belles ambitions après une saison 2017 couronnée par deux victoires d’étapes – sur la Route du Sud et sur le Giro.
« Dans un premier temps, je veux passer les neuf premières étapes sans encombres » explique le natif du Loiret. « Ça va être compliqué en Vendée, en Bretagne et puis après dans le nord de la France avec l’étape des pavés. Le but c’est d’arriver dans la montagne en bonne forme pour essayer de gagner une étape et briller dans la montagne. Je me présente au Tour avec un capital confiance parce que je sais que j’ai énormément travaillé et que je n’ai négligé aucun détail depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois. »
S’il sera présent pour épauler Rigoberto Uran dans la course au podium et pourquoi pas au maillot jaune, le français de 31 ans n’abandonne pas ses envies de conquête, d’attaques, d’échappées… le cyclisme qu’il aime, ponctué de panache. « Je préfère cent fois remporter une étape que de terminer sixième ou septième du Tour, par exemple, parce que ça me procure des émotions supérieures. Je m’épanouis beaucoup plus dans l’attaque que dans les courses au classement général où l’on attend toujours le dernier kilomètre ou le dernier contre-la-montre. Ce n’est pas une façon de courir qui est vraiment dans mon tempérament. »
La présence de l’Alpe d’Huez sur le parcours du Tour 2018 rappelle forcément de beaux souvenirs à Pierre Rolland, lui qui y avait levé les bras en 2012 :« c’est toujours agréable de revenir sur des terrains qu’on a déjà conquis. J’ai pu reconnaître la montée avec de bonnes sensations. Les images sont revenues tout de suite. Ça aide à rendre sympa les reconnaissances » et quand les journalistes évoque le parcours de Warren Barguil l’an passé, son envie se fait nettement sentir : « Si je peux faire la même chose, je signe de suite. C’est le Tour idéal avec des étapes, le maillot à pois et le prix de la combativité. La course sera tellement dure que si je suis en bonne forme, avec mes qualités de grimpeur, il y a forcément un moment où je pourrai m’exprimer. »
Cependant, avant d’arriver sur ces terrains propices aux grimpeurs, il faudra pour le peloton composer avec les difficultés de la première mi-course et dans ce lot, le français en pointe évidemment une du doigt : l’étape des pavés. « Avec 15 secteurs, c’est un Paris-Roubaix. Sauf qu’au départ de Paris-Roubaix, il n’y a que des spécialistes, que des mecs qui veulent disputer la course. Là, tu as cette étape des pavés et il y a des coureurs obligés de la faire pour aller à l’étape suivante. C’est une journée qui peut tout briser, notre matériel, notre corps, nos ambitions, donc c’est vraiment une étape que je vais prendre avec beaucoup d’appréhension et beaucoup de concentration. A n’importe quel moment, on peut perdre six mois de préparation. »
Une fois la réplique de l’Enfer du Nord traversée, d’autres points sensibles se dresseront sur la route des coureurs. Pierre Rolland évoque notamment le Plateau des Glières : « ça n’a rien à avoir avec un secteur pavé où l’on arrive lancé à 60 km/h. Là, on va arriver à 10 km/h. C’est un chemin empierré, deux à trois kilomètres, en montée et assez loin de l’arrivée. Je pense qu’il n’y aura pas d’incidences sur la course sauf si un leader crève et qu’une équipe se met à rouler mais je n’y crois pas. »
Par ailleurs, même s’il ne vise pas le classement général, le contre-la-montre individuel de cette grande boucle devrait être particulièrement spectaculaire : »C’est un chrono de 30 kilomètres où il n’y a pas un mètre de plat. Je pense que ce sera pour les hommes forts du classement général qui seront dans le feu de l’action. Ce n’est pas un chrono comme entre Chartres et Bonneval, il y a quelques années, où c’était tout plat, pour les rouleurs. »