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Marc Madiot : « Nous ne sommes plus dans le one-shot »

Ce 6 décembre restera assurément important pour Marc Madiot. Pas seulement à cause de la mort de Johnny Hallyday, que Madiot a vu entre 10 et 15 fois en concert dans sa vie, mais aussi et surtout grâce à une évolution majeure de l’équipe qu’il a construite il y a maintenant plus de 20 ans. Avec l’arrivée de Groupama comme co-sponsor titre, l’équipe française espère évoluer significativement avec une augmentation substantielle de son budget. Mais en plus de ça, alors qu’elle semblait jusqu’ici inlassablement liée à son partenaire de toujours, la FDJ, la formation de Marc Madiot démontre que les énormes progrès sportifs de ces dernières années, l’ont rendue attractive auprès d’autres grandes compagnies.

Marc, quel impact va avoir l’augmentation du budget dans le fonctionnement de votre équipe ?

Elle aura son importance pour les prochaines saisons, notamment pour renforcer l’équipe, mais aussi pour la développer dans ses bases avec l’équipe continentale, qui sera adossée à l’équipe WorldTour, et qui permettra aux jeunes de s’aguerrir et progresser pour atteindre plus facilement et rapidement le très haut niveau. Concernant l’équipe WorldTour, il s’agit d’une assise et d’une puissance supplémentaires qui devraient nous permettre de passer encore un palier sur l’échiquier international.

Cette hausse budgétaire était-elle devenue nécessaire ?

Tout s’est énormément professionnalisé. Quand on a débuté il y a un peu plus de vingt ans, on était dix-huit coureurs et une petite dizaine de personnes dans l’encadrement. On était une petite épicerie quelque part. Puis on est devenu une petite PME et on va désormais devenir une grosse PME. Le sport bouge très vite, le cyclisme également. Là où il stagnait et ronronnait pendant plusieurs années, il évolue et bouge à une vitesse folle depuis une décennie. Il faut être capable de regarder, d’observer et de réagir à tout ce qui se passe.

Vous espériez que de nouvelles forces se joignent à vous depuis quelques temps déjà.

On se rend bien compte, quand on observe le développement du cyclisme, qu’il faut de la puissance, des effectifs costauds et des équipes structurées et organisées de la manière la plus optimisée possible, que ce soit au niveau administratif, entraînement, recherche. Nous avions déjà une cellule de recherche et développement, nous allons encore la renforcer. Nous voulons être à la pointe sur l’innovation, l’aéro-dynamisme. Cela demande du temps, des moyens, de l’investissement, et nous aurons désormais la capacité de monter encore d’un cran dans ce domaine. Il faut être en permanence en recherche d’évolution, sinon on régresse. Le sport, c’est comme l’économie. Il faut être en capacité, au quotidien, de passer à l’étape suivante le plus souvent possible. L’idée est d’entretenir cette dynamique et cette force. On a mis beaucoup de temps à se mettre en place, après avoir traversé des tempêtes, des moments délicats, mais on a toujours su travailler et nous développer. Cette philosophie va donc continuer à nous animer.

Votre équipe n’avait presque jamais partagé le naming et le sponsoring. Qu’est-ce que cela change pour vous ?

C’est une évolution, mais on reste dans la même lignée philosophique, dans le même ADN. Quand on analyse bien la situation, on était fait pour se marier avec Groupama. On est dans la même logique, rien qu’à regarder les deux logos : le trèfle à quatre feuille d’un côté, les sillons et le clocher de l’autre. C’était fait pour aller ensemble.

Qu’est-ce qui a provoqué ce mariage ?

Je crois que le cyclisme français a retrouvé une vraie crédibilité, une vraie force. Je m’en rends compte avec les contacts que je peux avoir avec le monde de l’entreprise. Alors qu’on passait parfois la moitié d’un entretien à parler d’antidopage, on ne l’évoque que sur 5-10% du temps aujourd’hui. Il y a une évolution forte vers le développement sportif. Je pense aussi que le cyclisme et son image ont favorablement évolué ces dernières années. On le constate aussi au nombre de retransmissions télévisées. Il y a un temps où il était difficile de faire tenir une équipe debout. Aujourd’hui, les structures françaises sont pérennes, stabilisées. Il faut désormais que ce soit la même chose du côté des organisateurs car il y a vieillissement qui s’installe doucement.

Avez-vous atteint la bonne dimension pour espérer la victoire sur le Tour de France à terme ?

Cela commence à prendre forme. Et si ce n’est pas gagner le Tour, c’est au moins se mettre en situation de le faire. Il y a aussi un phénomène à noter. Dans le passé, FDJ aurait pu avoir son équipe, et Groupama monter la sienne de son côté. Aujourd’hui on ne veut plus participer, on veut se mettre en situation de gagner. Pour cela, il faut rassembler ses forces. On ne veut plus seulement s’échapper et essayer de gagner une étape, on souhaite jouer les premiers rôles. C’est ce qui a changé en France depuis quelques années. Nous ne voulons pas être dans la réaction, nous voulons être dans l’action, et dans l’impact.

L’objectif est-il de devenir l’une des meilleures, voire la meilleure équipe du monde ?

La meilleure, je ne sais pas. On est encore loin d’une équipe comme la Sky mais l’idée est de s’en rapprocher, d’être acteur, d’être actif quant à ce qui va se passer les prochaines saisons à l’échelon international. On y était déjà par moments mais nous souhaitons désormais plus de densité. À l’image de ce qui se fait en football, nous voulons un banc supérieur à ce qui l’était jusqu’à maintenant, pour être capable d’être acteur encore plus souvent dans les évènements majeurs de la saison.

Les attentes dépassent clairement les frontières de l’Hexagone…

C’est ce que l’on veut, se développer à l’échelle internationale. Nous disposons de coureurs qui arrivent à maturité, tels que Démare ou Pinot, et demain ce sera au tour des Gaudu et Madouas. Tous ces garçons ont besoin d’avoir un renforcement global de l’équipe. Il nous faut de la puissance physique et de l’impact.

Qu’est-ce que ce nouvel accord change pour vos leaders et leurs aspirations ?

À partir du moment où l’on va pouvoir renforcer l’équipe dans sa globalité, cela nous ouvre des perspectives plus importantes. On pourra assumer de manière plus efficace une partie du calendrier. Par exemple, on va sans doute retourner sur le Tour de Turquie, car Groupama a des intérêts là-bas, et cela fait partie de notre zone d’évolution et de développement. Sur l’effectif, nous avons déjà l’équipe type, maintenant il faut renforcer le banc. Soit au niveau des leaders, soit au niveau des équipiers de premier plan. Cela nous permettra de diversifier encore mieux les calendriers de nos leaders. Nous ne sommes plus dans le « one-shot ». On entre dans quelque chose de construit et d’établi.

Ces dernières années, vos leaders étaient issus de vos propres rangs. Votre nouveau budget vous incitera-t-il à aller en chercher d’autres ailleurs désormais ?

Ce n’est pas l’ADN de base, mais on ne s’interdit pas de se renforcer avec des éléments de valeur. On a déjà commencé à le faire depuis 2-3 ans. On est allé chercher des équipiers de premier rang, des gars capables d’apporter du vécu et de l’expérience. On peut prendre Jacopo Guarnieri en exemple. Il a eu une influence psychologique extrêmement importante pour Arnaud Démare. On monte en gamme de ce côté là également. Il nous faut des leaders, c’est clair, mais il faut aussi des gens capables de les accompagner. Démare et Pinot disaient l’autre jour : « On va avoir des bêtes devant nous pour courir ». Il y a un vrai impact. Cet hiver, Sinkeldam et Preidler arrivent. Ce ne sont peut-etre pas des grands noms pour le grand public mais quand tu les vois, ça en impose. Il y a 2-3 ans, des coureurs de calibre, qui ne sont pas des leaders mais qui constituent des équipiers haut de gamme, n’étaient pas accessibles, ne voulaient pas forcément venir chez nous. Dans le cadre du recrutement, je veux une vraie valeur ajoutée sur l’ensemble de l’équipe. D’un autre côté, je veux aussi développer de jeunes coureurs français, comme on le fait avec des Madouas, Gaudu, Le Gac.

Quelles sont vos attentes sportives pour cette première année en tant que Groupama-FDJ ?

Pour moi c’est simple : Gagner des courses. Entretenir et développer l’envie. Il faut que le compteur tourne.

Enfin, vous disiez qu’il serait impossible de voir Thibaut Pinot sur le Giro en 2018. Vous le confirmez ?

Une chose a changé. Il y a une semaine de plus entre le Giro et le Tour. La porte n’est pas ouverte, mais elle n’est pas fermée.

6 commentaires

  1. N’empêche que dans le cyclisme, les sponsors sont toujours des voleurs 🙂

    FDJ : société de jeux causant ombre de dossier de surendettement dans les classes pauvre
    Groupama : groupe international d’assurances, de banques et de mutuelles

    C’est ce qui casse l’image du cyclisme, sport voué aux multinationales capitalistes faisant le bénéfice des riches aux détriments des pauvres. Comment être fan de « Groupama-FDJ », de « Fortuneo », d' »Ag2r » ou de « Cofidis » ou d’oligarchies comme Bahrain, le Kazakhstan ou les Emirats Arabes Unis ?

    C’est ce qui me dérange le plus dans ce sport, voir que des hommes sont capables de porter le noms de multinationales ou de dictatures pour gagner de l’argent. Et regarder une course cycliste en pleine nature est affligeant, voir toute cette publicité à outrance (que des marques à la con) venir gâcher un sport si esthétique est d’une tristesse…

    1. Bernard Merckx ton commentaire est affligeant, je te conseille d’aller vivre dans le paradis Venezuelien, ou mieux encore celui de la corée du nord… et emmenne avec toi toi tes copains fachos d’extreme gauche

          1. Ce n’est pas une imbécilité de se poser judicieusement cette question : « Quelles valeurs morales véhicule le sport cycliste professionnel ? » quand on constate que pour le spectateur au bord de la route, voir passer une course cycliste c’est aussi assister à un défilé de banques, de sociétés de crédit, d’oligarchies, de sociétés de jeux, etc…

            Ce détail (pour les gens du vélo) éloigne le grand public de ce sport. Hormis les passionnés de vélo, qui se déplace pour assister à une course cycliste professionnelle aujourd’hui ? Pour la plupart des gens (hors fans du vélo), c’est un sport qui a perdu ses valeurs originelles…

            Le problème c’est que ce genre de question n’est jamais posée par les journalistes du sport cycliste, ceux-ci admirant trop les managers et les coureurs cyclistes professionnels (le mec qui fait l’interview, il est trop fier de rencontrer Madiot, c’est pour lui un grand moment car Madiot est un homme influant et admiré dans le milieu). C’est un milieu trop fermé sur lui-même. Lire des articles de cyclisme, aujourd’hui, c’est lire des articles à la gloire des champions et des équipes. Il n’y a rien d’objectif, aucune analyse profonde de ce sport, aucune remise en question…

            On le voit dans cette interview. Aucune question dérangeante pour Madiot. C’est lisse. On ne lit finalement qu’un monologue de Madiot valorisant pleinement sa fonction et ses sponsors. C’est comme lire un communiqué de presse. Il y a 35 ans, avec des journalistes comme Chany, ça aurait été plus « rentre dedans » sans pour autant manquer de respect à cette équipe et à son dirigeant.

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