Mondiaux : Peter Sagan réussit un triplé historique

Peter Sagan l’a fait ! Pour la troisième année consécutive, Peter Sagan a remporté la couronne mondiale ce dimanche, sur le circuit de Bergen, en Norvège. Discret durant toute l’épreuve, le Slovaque a seulement surgi dans le sprint final, disputé en petit comité, pour rafler un troisième maillot arc-en-ciel consécutif, ce qui représente une grande première dans l’histoire du cyclisme. Il rejoint aussi Alfredo Binda, Rik Van Steenbergen, Eddy Merckx et Oscar Freire au rang des coureurs les plus titrés sur la course en ligne des Mondiaux, le tout à 27 ans seulement. Alexander Kristoff (Norvège) s’est incliné de peu et repart avec l’argent tandis que Michael Matthews (Australie) complète le podium final. Premier Français, Julian Alaphilippe a tenté sa chance dans le final avant d’être repris. Il s’est finalement classé dixième sur la ligne.

Tout commence ce dimanche matin comme attendu, avec une échappée de coureurs peu dangereux pour le titre suprême. On retrouve donc dix hommes après une dizaine de kilomètres : Eugert Zhupa (Albanie), Elchin Azadov (Azerbaïdjan), Conor Dunne, Sean McKenna (Irlande), Andrey Amador (Costa Rica), Alexey Vermeulen (Etats-Unis), Willem Smit (Afrique du Sud), Matti Manninen (Finlande), Salaheddine Mraouni (Maroc) et Kim Magnusson (Suède). Les grandes nations se contentent de ce groupe de fuyards et laissent donc l’écart grimper au fil des minutes et des kilomètres. La barre des dix minutes est franchie à plus de 230 bornes de l’arrivée et ce n’est qu’alors que la Belgique envoie Julien Vermote contrôler l’écart. Parfois soutenu par les Tchèques et les Norvégiens, le Flamand finit par accélérer l’allure après le premier passage sur la ligne à Bergen, à près de 200 kilomètres de l’arrivée. Dès lors, l’écart faiblit à chaque tour du circuit, pour rappel composé de 19,1 kilomètres et d’une vraie ascension, la Salmon Hill (1,5 km à 6,7 %). Après cent kilomètres de course, il n’y a plus que cinq minutes d’écart tandis que l’échappée perd tour à tour Manninen, Azadov ou encore Zhupa.

Le peloton se fait de plus en plus pressant à l’approche des cent derniers kilomètres, et il ne compte plus que trois minutes de retard alors que Maxim Belkov tente une chasse-patate vouée à l’échec. Le Russe est d’ailleurs avalé après une trentaine de minutes intercalé par un paquet où les Pays-Bas prennent les commandes. L’allure s’accélère très clairement et dans l’échappée, le Sud-Africain Willem Smit relance une dernière fois dans un baroud’honneur. Le regroupement général s’opère finalement à un peu plus de 80 kilomètres de la ligne et c’est alors une autre course qui démarre. À quatre tours de l’arrivée, le peloton franchit la ligne groupé, bien garni mais très nerveux. Et les hostilités démarrent juste derrière. Jack Bauer (Nouvelle-Zélande) allume la première mèche, Niki Terpstra (Pays-Bas) et Warren Barguil (France) placent aussi des accélérations dans les premiers faux-plats, mais c’est Marco Haller (Autriche) qui profite d’une temporisation pour prendre les devants. Se profile alors la côte de Salmon Hill et Tim Wellens (Belgique) sort de sa réserve. L’habituel coureur de la Lotto-Soudal place une offensive qui est suivie par plusieurs concurrents.

Grâce à ce mouvement de course, ils se retrouvent alors au nombre de huit en tête : Tim Wellens (Belgique), évidemment, mais aussi Lars Boom (Pays-Bas), Alessandro De Marchi (Italie), Odd-Christian Eiking (Norvège), Jarlinson Pantano (Colombie), Jack Haig (Colombie), Marco Haller (Autriche) et David De La Cruz (Espagne). La France et la Pologne, piégées, décident dès lors d’unir leurs forces. Les coéquipiers de Julian Alaphilippe se livrent entièrement pour leur leader mais l’écart stagne dans un premier temps à 40 secondes. Les coureurs défilent en tête de peloton pour prendre les relais et l’écart se réduit progressivement à 30 secondes alors que Nils Politt (Katusha-Alpecin) tente pour sa part de faire la jonction en solitaire. À deux tours du but, soit 38 kilomètres de l’arrivée, un peloton encore très conséquent passe avec une demi-minute de retard mais la course grimpe en nervosité et les grandes nations se replacent. La Grande-Bretagne fait son apparition en tête de pack mais c’est finalement Tom Dumoulin, malgré la présence de Boom à l’avant, qui place un démarrage. Le Néerlandais est dans un premier temps bien contenu par Diego Ulissi et Warren Barguil, mais il retente sa chance dans Salmon Hill. Pris en chasse cette fois-ci par Philippe Gilbert ou encore Rigoberto Uran, il n’a pas bien plus de succès.

Finalement, un quatuor composé de Wellens, Eiking, Haig et De La Cruz résistent encore au peloton après l’avant-dernière ascension de Salmon Hill. Un peloton d’une centaine d’unités qui opère un regroupement inévitable à 25 bornes du but. Malgré quelques offensives, notamment de Luis Mas (Espagne), Stefan Küng (Suisse) ou encore Oliver Naesen (Belgique), le pack passe bien groupé sur la ligne, au moment où la cloche retentit. Tout est en place pour le dernier tour et les premiers faux plats font office de rampes de lancement pour Sebastian Langeveld (Pays-Bas) et Paul Martens (Allemagne). Le duo ne contient le peloton que quelques instants et c’est alors l’équipe de France qui entre en action. Dans la légère montée précédant Salmon Hill, Cyril Gautier imprime un gros tempo et lance sur orbite Tony Gallopin. Le Français s’isole en tête, mais ne prend quelques mètres, bien surveillé par les Italiens. Le Francilien résiste malgré tout et entame Salmon Hill en tête. La Suisse s’empare des commandes juste derrière mais le premier attaquant se révèle être Michael Valgren ! Le Danois est pris en chasse par quelques uns des favoris, tels que Gianni Moscon, Philippe Gilbert, Greg Van Avermaet, Matteo Trentin, Julian Alaphilippe ou encore Niki Terpstra.

Le Néerlandais place d’ailleurs un contre après la jonction et Alaphilippe se glisse immédiatement dans sa roue avant de lui-même passer à l’attaque. Le Français fait immédiatement la différence et n’emmène personne avec lui. Tous les coureurs sont à leur maximum et Philippe Gilbert comme Greg Van Avermaet coincent. C’est finalement Gianni Moscon qui se montre le plus costaud en chasse et qui parvient d’ailleurs, au terme d’un énorme effort, à rejoindre Alaphilippe peu après le sommet de Salmon Hill. Les deux hommes collaborent immédiatement, à l’entrée dans les 10 derniers kilomètres, tandis que la chasse est complètement désorganisée. Il faut en fait l’arrivée des Danois pour remettre un peu d’ordre dans un petit peloton d’une trentaine d’hommes en chasse, pointé à dix secondes à peine. Moscon semble lui très juste dans la roue d’Alaphilippe et ce dernier parvient d’ailleurs à s’isoler à moins de cinq bornes à la suite d’une grosse relance sur le secteur pavé. En chasse, Vasil Kiryienka et Lukas Postleberger tentent de faire la jonction alors que l’Italie se met à rouler dans le peloton suite à la défaillance de Moscon.

Alaphilippe livre ses dernières forces dans la bataille, mais cela ne s’avère pas suffisant et le protégé de Cyrille Guimard doit rendre les armes à deux kilomètres du terme face à un groupe de poursuite mené grand train par les Italiens. Philippe Gilbert lance une offensive rapidement neutralisée, puis sous la flamme rouge, Michael Valgren tente un coup de poker. L’Italie s’y oppose et parvient à réintégrer le Danois quelques hectomètres plus loin, avant même les 500 derniers mètres. Néanmoins, au dernier virage, ce n’est pas Matteo Trentin qui se trouve dans la roue d’Alberto Bettiol, mais Alexander Kristoff. Le champion d’Europe lance alors son sprint en faux-plat descendant et semble se diriger vers la victoire. Sauf que Peter Sagan déboule dans sa roue et tente de le déborder à 100 mètres de la ligne. Le Slovaque le passe légèrement mais ne parvient pas à faire clairement la différence et les deux hommes coupent ainsi la ligne quasi simultanément. La photo-finish déclare finalement Sagan champion du monde, pour la troisième fois consécutive. Kristoff se pare d’argent et Michael Matthews va chercher la médaille de bronze.

Classement

1 Peter Sagan (Slovaquie)
2 Alexander Kristoff (Norvège) t.m.t
3 Michael Matthews (Australie)
4 Matteo Trentin (Italie)
5 Ben Swift (Grande-Bretagne)
6 Greg Van Avermaet (Belgique)
7 Michael Albasini (Suisse)
8 Fernando Gaviria (Colombie)
9 Alexey Lutsenko (Kazakhstan)
10 Julian Alaphilippe (France)

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